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Mostrando entradas de febrero, 2018

Joachim du Bellay, L'Olive, II.

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D’amour, de grace, et de haulte valeur Les feux divins estoient ceinctz, et les cieulx S’estoient vestuz d’un manteau precieux A raiz ardens, de diverse couleur. Tout estoit plein de beauté, de bonheur La mer tranquille, et le vent gracieulx, Quand celle là naquit en ces bas lieux Qui a pillé du monde tout l’honneur. Ell’prist son teint des beaux lyz blanchissans, Son chef de l’or, ses deux levres des rozes, Et du soleil ses yeux resplandissans. Le ciel usant de liberalité Mist en l’esprit ses semences encloses, Son nom des Dieux prist l’immortalité.

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène.

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Ce premier jour de May, Helene, je vous jure Par Castor, par Pollux, voz deux freres jumeaux, Par la vigne enlassee à l'entour des ormeaux, Par les prez, par les bois herissez de verdure, Par le Printemps sacré, fils aisné de Nature, Par le sablon qui roule au giron des ruisseaux, Par tous les rossignols, merveille des oiseaux, Qu'autre part je ne veux chercher autre avanture. Vous seule me plaisez : j'ay par election, Et non à la volée, aimé vostre jeunesse : Aussi je prens en gré toute ma passion. Je suis de ma fortune autheur, je le confesse : La vertu m'a conduit en telle affection : Si la vertu me trompe, adieu belle Maistresse.

Pablo Neruda, Veinte poemas de amor y una canción desesperada, I.

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Cuerpo de mujer mía, blancas colinas, muslos blancos, te pareces al mundo en tu actitud de entrega. Mi cuerpo de labriego salvaje te socava y hace saltar el hijo del fondo de la tierre. Fui solo como un túnel. De mí huían los pájaros y en mí la noche entraba su invasión poderosa. Para sobrevivirme te forjé como un arma, como una flecha en mi arco, como una piedra en mi honda. Pero cae la hora de la venganza, y te amo. Cuerpo de piel, de musgo, de leche ávida y firme. ¡Ah los vasos del pecho! ¡Ah los ojos de ausencia! ¡Ah las rosas del pubis! ¡Ah tu voz lenta y triste! Cuerpo de mujer mía, persistiré en tu gracia. ¡Mi sed, mi ansia sin límite, mi camino indeciso! Oscuros cauces donde la sed enterna sigue, y la fatiga sigue, y el dolor infinito.

Guillaume Apollinaire, "Le pont de Mirabeau", Alcools.

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Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine. Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l’onde si lasse Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure L’amour s’en va comme cette eau courante L’amour s’en va Comme la vie est lente Et comme l’Espérance est violente Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure ( Le pont de Mirabeau , aquarelle de  Mona Fontina)